Parler des autres en leur absence…

Quand nous sommes face à quelqu’un, nous essayons en général, si nous sommes chrétiens, d’avoir une attitude d’amour par rapport à lui/elle …

Mais quand nous parlons de quelqu’un en son absence? Nous cessons parfois, je le crains, d’avoir la même attitude.

Le prêtre – dans son homélie d’aujourd’hui (liée à Mc 3,21 – « Il a perdu la tête »), nous a suggéré que … cela devrait être un acte d’amour que de parler des autres en leur absence!

C’est bien dans la ligne de « ne jamais dire du mal de quelqu’un », mais en même temps cela va plus loin.
A essayer?

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Est-ce que l’autre est « on »?

Je me rappelle une rencontre d’anciens élèves, à Paris, où je m’étais tourné vers un camarade que j’avais, vingt ans plus tôt, re-rencontré dans un cadre politique. Je me tournais vers lui avec une attitude très amicale, et j’ai cru sentir chez lui une sorte d’absence: soit qu’il ne se rappelle pas de moi – peu probable; soit qu’il ait vraiment la tête ailleurs; ou encore – peu probable – qu’il soit gêné car il avait été, à l’époque, maladroit à mon égard.

La conclusion que j’en tire, c’est qu’il convient de débuter de telles « retrouvailles » de façon assez neutre et ouverte, et non pas de supposer a priori que l’autre – vingt ans après – a la même réaction amicale et « active » que moi.

Est-ce qu’il est « on »? Il faut laisser à l’autre le temps de me le montrer.

« Être plus », c’est cela que nous propose Jésus

Être plus: élargir notre coeur et notre intelligence.

Cela passe par des douleurs; et par l’acceptation de chemins différents de ceux que nous connaissions.

Jésus, par sa vie et son enseignement, nous a donné la bonne façon de comprendre le monde: l’existence continue après la mort; et l’amour, allant jusqu’à la croix, est le chemin pour s’épanouir.

Dans notre vie spirituelle, il s’agit aussi d’accepter que le réel soit autre de ce que nous voudrions ou pensions; et que le chemin que nous essayons de suivre, vers plus d’amour, en vivant « en Dieu », se révèle complexe, pénible parfois.

Elargir notre intelligence et notre coeur, c’est être toujours prêt à remettre en cause ce que l’on croit savoir ou comprendre. Ne jamais croire que l’on sait. C’est aussi accepter parfois de ne pas comprendre: d’avancer comme dans une forêt obscure, à travers laquelle Dieu seul sait où il nous conduit.
Mais on acquiert en même temps une perception plus profonde; car il ne s’agit pas de fermer les yeux – au contraire. Parfois on peut voir un peu, « à travers les événements ».

Nous développons une relation de confiance avec Dieu.
Une comparaison: sur un chemin à flanc de montagne, il y a des moments où l’a-pic, à côté de nous, devient vertigineux; le chemin devient plus étroit, glissant! Dieu nous dit alors: « Je te tiens solidement, avance en te tournant vers moi! ».

Un auteur américain, Anne Rice, fait dire à Jésus, au cours de sa vie terrestre: « Ce que j’ai besoin de savoir, je le sais! » (autrement dit: « Comme homme, je ne sais pas tout »).

De même, ce que nous avons besoin de savoir, Dieu nous le donne.

La relaxation en 10 minutes…

Je dis 10 minutes, mais cela peut être moins…

Me sentant un peu fatigué, je m’allonge (ne jamais hésiter à me reposer!). J’ai aménagé un petit canapé, avec une chaise en prolongement. Je mets un masque sur les yeux.

Le point de départ, ce sont les mini-mouvements que je constate: un léger mouvement d’un bras, je tourne un peu ma tête, etc.
Et puis il y a les tensions, nombreuses éventuellement, que je constate. Les douleurs  éventuelles; parfois une légère gêne dans la respiration. Je constate, et prends une attitude légèrement distante.

Il y a aussi les pensées: les soucis, les idées, les désirs d’action: je les constate…

Et la respiration, éventuellement.

Au bout d’un petit moment (je ne compte pas), je sens en moi le désir de me lever. Une partie de moi pense: « Non, relaxe-toi! » Mais rapidement j’accepte: le lever se fait… Et, surprise: quand je m’assieds, je sens mon corps comme si je venais de dormir !  Il est « mal réveillé », pesant ! Je reste assis, le temps de sortir de cet état. Eventuellement je baille!

C’est une méthode que je pratique maintenant régulièrement, avec le même résultat; le même plaisir.

« En vouloir »: du « péché » à l’acceptation d’un réel composite

Il m’arrive « d’en vouloir » à certaines personnes, parfois de façon durable. Tel ou tel a agi d’une façon que je n’ai pas aimée… ! Et, de fait, je lui en veux. Et je le confesse, comme un péché.

Mais il m’est venu l’idée d’un changement d’attitude: c’est à dire d’admettre que l’autre est à la fois complexe, et évidemment différent de moi; cet aspect de lui, que je n’ai pas aimé, c’est un fait. Il est comme cela; il fait ceci ou cela.

Et, oui, je peux admettre que le réel soit différent de ce que je voudrais qu’il soit ! 🙂  Et  que les gens sont ce qu’ils sont, avec leurs qualités et leurs défauts; je peux cesser de me concentrer sur tel événement, sur tel détail du passé, pour voir l’ensemble de la personne, qui est ce qu’elle est, et qui au total m’est éventuellement sympathique!

Alors, j’abandonne la fixation sur ce « tort » supposé qu’il m’a fait; ce n’est plus ma façon d’être; je vois plus large… Et  je ne lui en veux plus… Le péché disparaît ! Non par une décision de la volonté, mais par une vision plus vaste; plus juste !

Un exemple de renforcement… paradoxal

Ce que j’appelle « renforcement paradoxal » est une méthode de renforcement intérieur d’une idée, ou d’un projet, dans le but de « l’affaiblir »; éventuellement de m’en débarrasser.

Un exemple simple (enfin, simple de mon point de vue; c’est vraiment un type de cas basique):

Vers l’heure du déjeuner je me dis: « Cet après-midi il faudrait me mettre à tel travail (peu importe lequel ici); et je suis un rien tendu (idem, peu importe la raison), alors qu’il n’y a pas de raison objective (en la circonstance: j’ai encore 15 jours de délai!).
Pour atteindre une sorte de liberté par rapport à ce « il faudrait » et à ma tension, j’insiste intérieurement; je renforce l’idée (« il faut »), par une sorte de poussée intérieure ayant le but de me persuader moi-même. Et puis je bascule: j’insiste sur le fait que cela peut attendre, et j’insiste idem sur cette idée inverse (je la renforce intérieurement).
Et je continue cette alternance, ces allers et retours, cette « itération », jusqu’à ce que j’atteigne l’indifférence.
L’idée du travail à faire dans les 15 jours est toujours présente, mais sans tension, sans obligation. Comme une possibilité.

Cela revient à monter au niveau « au dessus », où je « regarde » mes divers désirs et sentiments, et où je les fais jouer, se confronter, s’harmoniser.
Je trouve la paix.

 

 

Itérations « bi-paradoxales »

Allez, je me lance !
Il y a des années que j’utilise « intérieurement » des méthodes comme celle que je vais évoquer ici.
Et je suis convaincu que ces méthodes ont une valeur générale.
Il y a au moins trois penseurs (« auteurs ») que j’appellerai comme « témoins » : Van Vogt, Watzlawick, et Carothers.

Entrons dans le vif de l’exemple – car ce n’est rien d’autre qu’un exemple.
Je viens de m’allonger, après le petit déjeuner, pour me reposer quelques instants avant de commencer ma matinée.
Je ressens, évidemment, des douleurs ici ou là dans mon corps.
Et, à un instant donné, je pense par exemple à une douleur (très modérée) dans mon bras gauche.

La technique que j’emploie depuis longtemps est le renforcement paradoxal. Au lieu de chercher à refouler en quelque sorte cette douleur, je concentre ma volonté sur elle pour l’accepter: oui, j’ai cette douleur, sens la bien!
Et en même temps je suis à un niveau meta: je me constate en train de me concentrer sur cette douleur, et j’oppose en moi le pour et le contre concernant cette concentration: est-ce la bonne attitude à suivre que de faire ce renforcement.
Et là dessus, hop! troisième niveau: je renforce en moi cette réflexion sur le pour et le contre: oui, j’ai raison de passer du temps à faire cette itération ! Ce qui naturellement, paradoxalement, m’amène à cesser de m’occuper de cette douleur…

Vous n’avez rien compris? Cela ne m’étonne pas. J’ai d’ailleurs hésité à publier ce billet. Celles et ceux qui ont lu Watzlawick peuvent sans doute voir un peu de quoi je parle, bien que je ne sois pas sûr que Watzlawick parle d’appliquer à soi-même les méthodes paradoxales. Quant aux itérations, il me semble que c’est plutôt du côté de Van Vogt qu’on les trouve. Et en outre je passe ici à un « double-meta » (pour la première fois: c’est ce qui m’a décidé à écrire ce billet).

Ah oui, ci-dessus je n’ai pas parlé de la spontanéité ! Elle est essentielle dans mon attitude. J’itère sans cesse entre spontanéité et réflexion (« meta ») sur ce que je fais. Et je suis extrêmement conscient de tout ce que je ressens.

Sur les pages de mes sites on trouvera ici ou là, avec le moteur de recherche de la page 1, des allusions à Watzlawick et à Van Vogt (dont un article).
Carothers? Voir le petit livre que j’ai publié sur lui, et notamment mes remarques finales:  « La prière de louange a des points communs avec les paradoxes; il s’agit de se prescrire à soi-même un changement d’attitude ».